❥« En fait, je crois que j’ai passé trop
de temps à espérer, à croire que tu
pourrais revenir.Trop de temps passé
à t’attendre. »

Il bouge la tête au rythme de la mélodie. C’est un geste qu’il répète d’ailleurs souvent, comme s’il cherchait à se remémorer des moments passés, restant cependant mémorables. Je me dis, parfois, que son esprit doit être envahi de choses, de belles choses, cela s’entend. Alors, je me contente de le regarder et de me répéter une phrase qu’il disait souvent : il y a deux types de personnes sur la planète ; ceux qui lèvent la tête vers le ciel en visant les étoiles et ceux, qui même les pieds sur terre, sont ces petits points de lumières. A chaque fois, je me mettais à sourire. Autant cette phrase était stupide, autant elle sonnait comme la plus vraie de toute. Il arrêta de bouger, ouvrit les yeux et jeta un coup d’œil vers moi, comme s’il craignait que je me sois enfuie entre temps. Il tendit ensuite la main pour que je m’approche un peu plus près de lui, ce que je fis sans plus attendre. Il effleura mon visage ; automatiquement, je fermais les yeux. J’étais capable de percevoir cette mélodie, loin, trop loin sans doute pour que je puisse la toucher, la ressentir complètement. La sensation de sa paume contre mon visage disparut en quelques secondes et lorsque je les rouvris, il n’y avait plus rien. Il n’y avait plus personne.
Puis quand revient la lumière, on ne voit que le bonheur des autres. Je voudrais qu’on me tienne la main aussi, qu’on me sert très fort pour que je n’ai plus jamais peur. J’aimerais avoir confiance en moi, me dire que oui, je réussirais dans la vie. Je désirerais tellement un lendemain plus sûr, un chemin tracé à l’avance ; ne jamais avoir à traverser les épreuves de la vie. Marcher, prendre le temps de découvrir toutes les choses qui m’entourent. Ne pas courir, ne pas être à bout de souffle, ne jamais mourir. Avoir le temps de tout, avoir le temps de rien. Avoir le temps d’aimer, le temps de détester, le temps de rire et de pleurer. Je voudrais avoir l’occasion d’avoir mal mais aussi de connaître le bonheur, de rêver encore et encore, jusqu’à en prendre la raison s’il le faut.
Mais moi, tout ce que je vois, c’est ce bonheur là. Celui qui n’appartient qu’aux autres.